L’éradication de la BVD est en marche
Le plan de lutte contre la BVD évolue en suivant deux axes. D’une part, le dépistage va désormais concerner tous les troupeaux, quelle que soit leur taille. D’autre part, les règles de mouvements des bovins vivants changent le 1er octobre.
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Maladie réglementée depuis 2019, la diarrhée virale bovine (BVD) fait l’objet d’un plan de lutte depuis de nombreuses années. Ce sont les organismes à vocation sanitaire (OVS) qui en sont les maîtres d’œuvre au niveau des Régions pour l’État. Un objectif d’éradication de cette maladie est fixé à l’horizon 2030. Pour y parvenir, le dépistage et la réduction de la circulation du virus doivent être renforcés. La volonté d’éradiquer cette maladie se justifie par les conséquences économiques très élevées pour les éleveurs, le coût étant estimé entre 43 et 83 € par vache par an pour un élevage laitier et de 30 à 60 € par vache par an en élevage allaitant. Toutefois, si les objectifs s’imposent à toutes les régions, les moyens déployés peuvent varier.
« Actuellement en Bretagne, on repère le passage du virus dans les troupeaux laitiers en réalisant des sérologies sur le lait de tank », explique Loïc Maurin, membre du Comité national BVD et salarié d’Innoval mis à disposition du GDS Bretagne (1). Elles sont réalisées tous les trois mois, pour un coût annuel d’environ 40 € par élevage. Dans les troupeaux allaitants, on recherche la présence d’anticorps sur des mélanges de sérums obtenus lors des prises de sang de prophylaxie annuelle. Cela suppose de disposer d’un cheptel de taille suffisante pour pouvoir constituer un échantillon d’animaux représentatifs.
Dépistage dans les petits troupeaux
Dans certaines régions, ce sont les animaux porteurs du virus qui sont détectés à la naissance. Un morceau de cartilage est prélevé au moment de la pose de la boucle d’identification. Son analyse permet de repérer les veaux infectés. Cette méthode est relativement coûteuse puisqu’il faut compter de 8 à 10 € par animal.
Ces protocoles présentent l’inconvénient de passer à côté des petits troupeaux dans les régions où la sérologie est privilégiée. Ils échappent à la surveillance et peuvent donc favoriser la circulation du virus. Pour y remédier, il va falloir aller chercher les animaux infectés permanents (IPI) (lire l’encadré ci-dessous) aussi dans ces troupeaux. Leurs effectifs étant insuffisants pour réaliser des sérologies de groupe, il faudra passer par des prises de sang individuelles et des virologies sur l’ensemble des animaux.
Des contrôles plus systématiques des mouvements d’animaux
Cette nouvelle prophylaxie se met en place dès cet automne. « Nous allons mener cette campagne d’octobre à mars », précise Marie Lamandé, vétérinaire dans les Côtes-d’Armor et membre du GTV Bretagne. Les prélèvements seront réalisés le même jour sur l’ensemble des animaux présents. Autrement dit, il faudra des systèmes de contention adaptés pour y parvenir.
Par ailleurs, les règles encadrant les mouvements des animaux vivants évoluent au 1er octobre. En l’absence d’arrêté ministériel à ce sujet, ce sont les OVS qui travaillent avec leurs partenaires et leur administration de tutelle pour limiter les risques de circulation du virus. En Bretagne, par exemple, cela passe par des arrêtés préfectoraux. L’objectif est de rendre les contrôles plus systématiques.
« Le couplage de ces deux changements représente une grande marche vers l’éradication de la BVD », estime Loïc Maurin. Les élevages contaminés se verront proposer un plan de lutte. Il s’agit d’abord de repérer les IPI afin de les éliminer. Ensuite, le troupeau est suivi pendant un an. En effet, il peut encore exister des animaux contaminés parmi les veaux à naître. Tous les nouveau-nés sont dépistés. Si un IPI est détecté, il est éliminé et le suivi est reconduit pour un an.
Cette méthode a fait ses preuves. En Bretagne, la surveillance de la BVD a commencé en 1999 en s’appuyant sur la sérologie. « Dans les premières années, on trouvait entre 600 et 800 IPI par an, se souvient Loïc Maurin. Aujourd’hui, on en compte entre 100 et 200. » Autre signe manifeste du recul de la maladie : lors de la recherche des causes d’avortements, la BVD ressortait très souvent il y a vingt ans (environ 20 %) ; aujourd’hui, sa présence est ponctuelle et la néosporose arrive en tête des maladies impliquées.
La régression importante de la BVD dans une région tend à rendre les animaux plus sensibles en cas de contact avec le virus, car ils ne l’ont jamais rencontré auparavant. De ce fait, les nouvelles contaminations de troupeaux se traduisent désormais souvent par un nombre élevé de veaux IPI. D’où la nécessité d’aller plus loin que l’assainissement en les éradiquant.
(1) Le Groupement de défense sanitaire Bretagne est une association d’éleveurs reconnue comme OVS et dont le fonctionnement est assuré par un collège d’élus et du personnel mis à disposition par Innoval.
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